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Soignant qui pousse un homme en fauteuil roulant pour l'aider à rentrer dans un taxi

Tout savoir sur la coordination de parcours

La fonction de coordination de parcours a vu le jour à la suite de réorganisations du secteur social et médico-social. L’objectif est de mieux tenir compte des attentes des individus pris en charge en prévoyant des liaisons entre les différents services sociaux. La coordination de parcours est ainsi une nouvelle expertise puisqu’il s’agit de coordonner les besoins des personnes accompagnées, mais également les différentes interventions auprès de ces bénéficiaires. Cet article vous explique en détail en quoi consiste le métier de coordonnateur de parcours.

La transition du secteur social et médico-social d’un point de vue législatif

La coordination de parcours dans le travail social est une préoccupation ancienne, mais elle se développe réellement dans les années 2000. 

La loi 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale introduit le terme de projet individualisé. L’objectif de cette loi est de mieux prendre en compte les besoins et projets de vie des personnes prises en charge.

Cette loi met en évidence 4 principes : 

  • accroître les droits des personnes accompagnées ;
  • élargir les missions de l’action sociale et médico-sociale et mettre l’accent sur l’égale dignité de tous ainsi qu’un accès aux soins identique sur l’ensemble du territoire ;
  • optimiser l’organisation et la coopération entre les différents intervenants du secteur social et médico-social ;
  • mettre en place une procédure d’évaluation pour tous les établissements et services.

 

Cette loi est renforcée par celle du 11 février 2005, qui institue le projet personnalisé d’autonomie. L’objectif est de mener des projets co-construits avec la personne accompagnée. Cette loi montre la volonté d’inclure véritablement les personnes porteuses de handicap dans notre société. C’est désormais à la société de s’adapter à ces personnes et non plus l’inverse.

Enfin, en 2010, la France a ratifié la Convention des Nations unies relative aux droits des handicapés, qui dispose que « les personnes handicapées ont les mêmes droits que toute autre personne. »

Les enjeux de la coordination de parcours dans le travail social

Pour mener à bien cette volonté d’inclusion des personnes porteuses de handicap, il est important de leur donner la faculté de décider par elles-mêmes, ce que l’on nomme l’autodétermination. Il s’agit d’accorder plus d’attention aux demandes des individus et de les aider à construire un chemin vers l’autonomie. 

Cela n’est possible que si l’on fait émerger une logique de parcours, à savoir que tous les intervenants qui gravitent autour de la personne doivent agir de façon coordonnée pour que cet objectif soit atteint. Il faut aider les personnes à prendre conscience de leurs capacités, et effectuer du sur-mesure, car chaque individu accompagné a des attentes et des besoins différents.

L’intérêt de la personne est ainsi prioritaire par rapport à celui de l’institution. C’est pourquoi l’on parle de désinstitutionnalisation. Il ne s’agit en aucun cas de faire sortir la personne de l’institution, mais de lui permettre, grâce à cet accompagnement coordonné, de s’affranchir pour pouvoir mener l’existence qu’elle souhaite. 

On assiste ainsi au passage du primat institutionnel à un système en réseau dans lequel la personne est replacée au centre des attentions.  

Cette nouvelle vision fait émerger la fonction de coordonnateur de parcours afin qu’il puisse harmoniser les actions de chaque acteur pour gagner en efficacité.

L’expertise du coordonnateur de parcours

Le coordonnateur de parcours effectue un arbitrage entre les besoins de la personne accompagnée et les réponses qui lui sont proposées, ainsi qu’entre les différents intervenants qui l’accompagnent. En effet, il planifie, met en place des actions qui sont au service du projet de vie de la personne, et non plus au service de l’institution. La personne devient actrice de sa propre vie, elle est considérée comme sujet, et bénéficie d’un parcours personnalisé qui lui permet d’accéder à plusieurs services, en fonction de ses besoins. Le coordonnateur est donc un médiateur, un facilitateur : Pour cela : 

  • le coordonnateur doit prendre en compte les attentes de la personne accompagnée pour pouvoir aboutir à des objectifs qui soient atteignables pour elle. Il fait émerger un projet de vie qui soit cohérent. Par exemple, si une personne souhaite vivre seule dans son logement : quelles aides peut-elle demander pour faciliter son quotidien ? Sera-t-elle en mesure de supporter la solitude ? La famille peut-elle se rendre disponible en cas de besoin ?
  • le coordonnateur utilise des outils pour évaluer les ressources personnelles de la personne accompagnée et sa motivation au changement. Il examine aussi les soutiens extérieurs dont elle va pouvoir bénéficier pour mener à bien son projet de vie. Il analyse alors les solutions les plus adaptées à sa situation ;
  • il identifie et contacte les différents partenaires qui pourront répondre à la demande de la personne en leur retransmettant ses besoins et ses souhaits. Il s’agit ici d’une collaboration entre les différents intervenants ;
  • il s’informe de la mise en place des actions de chaque intervenant, et les supervise (ces actions sont prévues dans le plan d’accompagnement personnalisé). Ce projet personnalisé est piloté par le coordonnateur de parcours. Il doit garantir la continuité des parcours des personnes prises en charge ;
  • il soutient et remotive la personne accompagnée, si besoin. Il examine avec elle les effets obtenus, généralement au bout d’un an. Le coordonnateur voit avec la personne si les objectifs ont été atteints et si elle a de nouvelles orientations. Il est alors possible de préparer un nouveau projet de vie, de la réorienter ou de la faire sortir du dispositif si elle n’a plus besoin d’accompagnement.

 

Malgré tout, même si tout est ficelé au mieux, il reste toujours des imprévus, il est donc important de renégocier régulièrement ce projet de vie, de débattre de nouveau avec les partenaires. Ces échanges permettent d’affiner le projet.

Ce qui évolue beaucoup avec la mise en place de la coordination de parcours dans le travail social, c’est le dialogue avec la personne accompagnée et la famille pour qu’il soit plus facile de faire ressortir ses besoins.

Les qualités des coordonnateurs de parcours 

Le coordonnateur de parcours doit avoir le sens des relations humaines et une posture managériale : il fait preuve d’écoute active, de bienveillance, il met en confiance la personne qu’il prend en charge et prend le temps suffisant pour faire jaillir son projet de vie. Il doit savoir centrer sa posture sur la personne accompagnée (cette dernière ne subit plus les accompagnements, elle participe à son mieux-être).

Il est garant du cadre en déterminant les rôles et responsabilités de chaque intervenant. Pour cela, il peut être judicieux de prévoir des moments d’échanges entre les différents professionnels pour que chacun puisse exposer ses problématiques et rechercher des solutions en commun.

Il est également important qu’il sache prendre du recul, qu’il fasse preuve d’une grande adaptabilité, et qu’il ait acquis des compétences de négociation.

La maîtrise des techniques d’entretien est essentielle pour réussir à faire émerger les besoins des personnes accompagnées et savoir s’adapter aux différents interlocuteurs. Il doit savoir prendre la parole en public pour exposer clairement chaque situation.

La nomenclature SERAFIN-PH : un outil d’accompagnement pour un langage commun

SERAFIN-PH est une réforme portant sur le système de tarification des établissements et services médico-sociaux. Elle a pour but de simplifier leur financement en l’adaptant au parcours de vie des personnes en situation de handicap. Cette réforme a créé deux nomenclatures communes à tous ces établissements : 

  • la grille des besoins : permet d’identifier les besoins des bénéficiaires en mêlant l’expertise des professionnels, des familles et des partenaires extérieurs à l’institution qui l’accompagnent ;
  • la grille de prestations : permet de décider des actions d’accompagnement pour répondre aux besoins énoncés.

Cette nomenclature permet de créer un langage commun à tous les établissements sociaux et médico-sociaux et d’aider les professionnels à prendre plus de temps pour répertorier les différents besoins afin d’adapter au mieux les accompagnements.

Cas concret sur l’importance de la coordination de parcours

Isabelle SOFR, formatrice chez Epsilon Melia, nous a fait part d’un cas concret illustrant parfaitement la nécessité de faire appel à des coordonnateurs de parcours afin d’optimiser les accompagnements des personnes :

 

Denis est le coordonnateur de parcours de Leïla. C’est une jeune femme de 31 ans, qui est accueillie en foyer de vie. Elle n’a pas encore acquis l’autonomie nécessaire pour prendre les transports en commun (repérage, orientation, etc.). Dans son projet personnalisé, ce gain en autonomie est travaillé par l’équipe avec l’accord de Leïla.  

Depuis un an, elle fait du cheval le mardi soir au centre équestre. Cette activité lui permet de travailler sur son stress, de rencontrer des personnes autres que celles du foyer de vie. De plus, selon le moniteur d’équitation, Leïla montre des capacités ainsi qu’une appétence pour cette activité. C’est l’éducateur sportif qui effectue les allers-retours pour l’accompagner au haras. Il reste sur place et l’attend, mais n’intervient pas. Il laisse faire le moniteur équestre. Lors des premières séances, il a pu rassurer Leïla lorsqu’elle montrait des inquiétudes. 

Pour des questions organisationnelles du foyer de vie, cela fait 4 semaines que Leïla ne va plus au cheval. Elle se plaint alors de cet arrêt de l’activité auprès de Denis, lors d’une rencontre. 

Denis prend contact avec les éducateurs du foyer de vie, mais il s’avère qu’il n’est pas possible de détacher un accompagnateur sur ce créneau horaire, car l’éducateur sportif gère désormais un groupe de personnes à la piscine sur ce même temps.

Leïla souhaite continuer l’activité cheval, elle ne veut pas aller à l’activité piscine qui a lieu sur ce même créneau. 

Denis travaille alors avec Leïla pour qu’elle accepte d’être seule à cette activité (sans la présence de l’éducateur sportif). Parallèlement, il prend contact avec un service de transport à la demande (TAD/PAM) afin de faciliter le déplacement de Leïla, puis prépare le dossier de demande. Il prend également contact avec la tutrice pour savoir s’il est possible d’assumer financièrement ce transport. 

Denis demande à l’éducateur sportif de prendre contact avec le centre équestre pour expliquer que désormais, Leïla viendra seule. Il demande aussi au directeur de bien vouloir sécuriser le centre équestre en lui donnant les coordonnées nécessaires en cas de besoin. LeÏla peut ainsi retourner à son activité depuis 4 semaines avec le PAM (service public de transport à la demande). 

Denis fait ensuite un point avec Leïla, qui est très heureuse de pouvoir faire de nouveau son activité. Il contacte aussi le centre équestre qui constate les progrès de la jeune femme et demande s’il serait possible qu’elle participe au stage organisé à Pâques. Le moniteur d’équitation s’est également assuré que Leïla était d’accord. Une personne du groupe propose d’organiser un transport commun pour l’occasion, et de prendre Leïla au passage. 

Denis fait enfin un point avec Leïla, qui s’avère très satisfaite de cette nouvelle organisation, ce qui prouve qu’elle est en capacité de faire des choses seule.

L’importance de la formation pour assurer au mieux la coordination de parcours

Nous l’avons vu, le coordonnateur de parcours a pour mission d’accompagner l’individu dans la réalisation de son projet de vie, sans l’influencer, sans lui dicter ce qu’il doit faire. Sans formation spécifique, il n’est pas toujours facile de trouver la posture adéquate pour conduire la personne vers l’autodétermination, pour l’aider à être actrice de sa vie.

C’est pourquoi chez Epsilon Melia, nous avons créé un programme sur 4 jours pour que les professionnels qui souhaitent assumer cette fonction aient tous les outils en main pour s’investir efficacement auprès des personnes accompagnées. Grâce à cette formation, ils comprennent les enjeux, les diverses missions des coordonnateurs, mais aussi les différentes postures nécessaires à un bon accompagnement. Vous souhaitez obtenir des renseignements complémentaires sur notre formation sur la coordination de parcours ? Contactez-nous !

 

Nous remercions vivement Isabelle Sofr, formatrice chez Epsilon Melia et animatrice de groupe d’analyse des pratiques, pour les informations précieuses qu’elle nous a transmises pour la rédaction de cet article.