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homme qui boit un verre d'alcool

Pathologies duelles : addictions et troubles psychiatriques

Le concept de pathologie duelle est né dans les années 1980 en Espagne, et correspond à l’association de troubles addictifs et d’une maladie psychiatrique. On emploie aussi parfois les termes de comorbidité, de double diagnostic, de cooccurrence ou encore de trouble duel.  Les pathologies duelles représentent un poids important sur le plan de la santé publique, mais elles mettent les professionnels face à des situations particulièrement complexes. La formation continue est essentielle pour que les intervenants du secteur social et médico-social puissent améliorer la prévention et prendre en charge efficacement ces comorbidités.

Les pathologies duelles : définition

La pathologie duelle peut être définie comme « la présence comorbide d’un ou plusieurs troubles psychiatriques et d’une ou plusieurs addictions, chez un même patient, avec apparition de nombreux processus synergiques entre les deux pathologies, qui amène à une modification des symptômes, une diminution de l’efficience des traitements et à l’aggravation et chronicisation de leur évolution. » (National Institute of Alcohol Abuse and Alcoholism, 2017). Il existe une association fréquente entre les troubles psychiatriques et les addictions : 

  • les troubles psychiatriques peuvent entraîner des addictions parce que la personne a recours à l’automédication pour soulager sa souffrance, ou parce qu’elle adopte des comportements à risque, est impulsive, etc., ce qui l’amène à consommer exagérément des substances (drogues, alcool, tabac, etc.).
  • les troubles addictifs provoquent ou aggravent des troubles psychiatriques : par exemple, l’usage de cannabis augmente le risque de développer des psychoses tout comme l’abus d’alcool génère des états dépressifs. La consommation de cocaïne entraîne de l’anxiété, de la dépression, de la paranoïa, et peut aggraver une schizophrénie. Plus la personne consomme précocement des substances nocives, plus le risque de développer un trouble mental augmente.

Dans de nombreux cas, une personne souffrant d’addiction développe un trouble psychiatrique du type personnalité antisociale, des troubles bipolaires, des dépressions graves, des psychoses, et des troubles anxieux.

Les individus vivant en situation de précarité (détenus, SDF, etc.) ont plus de risques de développer des pathologies duelles dont les conséquences peuvent être très lourdes (suicides, polyconsommations, etc.).

Les problèmes de prises en charge des personnes souffrant de pathologies duelles

La cooccurrence des troubles psychiatriques et des troubles addictifs engendre des situations difficiles aussi bien pour la personne souffrante que pour les professionnels qui les prennent en charge.  

Bien que ce concept de pathologie duelle soit reconnu, l’accompagnement des personnes qui en souffrent reste compliqué.

En effet, le secteur addictologie et le secteur psychiatrie sont cloisonnés, ce qui signifie que les patients sont pris en charge dans deux services différents ne communiquant pas toujours entre eux. Cela entraîne des conséquences néfastes au niveau des soins car le service de psychiatrie ne prend pas forcément en compte la pathologie addictive du patient, et inversement. Chaque secteur traite la pathologie dont il est le spécialiste.

Depuis quelques années, les deux disciplines commencent à élaborer un diagnostic duel puisque les professionnels se rendent compte que les deux pathologies sont souvent associées. Ils sont donc de plus en plus sensibles à ce lien de causalité entre trouble mental et addictions, car lorsque l’alcool ou les drogues sont consommés dès l’adolescence, cela accroît considérablement le risque de développer un trouble mental.

Malgré tout, les professionnels ont encore parfois du mal à sortir de leur champ, se concentrent sur la pathologie qui relève de leurs compétences, et peinent à repérer et à traiter l’autre trouble. Ces pathologies duelles rendent donc la prise en charge plus complexe, nuisent à la continuité des accompagnements, et précarisent les patients. 

Les solutions pour un accompagnement efficace des pathologies duelles

La pathologie duelle doit être traitée globalement, car l’état du patient ne peut s’améliorer que si les deux maladies évoluent favorablement. 

La plupart des patients souffrant de pathologies duelles ont eu des traumatismes précoces, des histoires de vie compliquées. C’est pourquoi il est important de connaître l’histoire de la personne souffrante et d’essayer de réduire les risques en lui demandant si elle est informée des dangers liés à sa consommation de substances, si elle fait attention lorsqu’elle s’injecte des produits, etc. Il est aussi essentiel de prévenir les troubles au maximum et d’intervenir précocement pour réduire les risques de développer des maladies psychiques suite au mésusage de substances.

Il existe des recommandations pour aider les intervenants à mieux gérer leurs accompagnements : 

Il est important d’adopter une posture de non-jugement

En fonction de leur éducation, de leur culture, de leur religion, etc., certains professionnels peuvent avoir tendance à stigmatiser l’usager parce qu’ils en ont une représentation négative. Par exemple, ils peuvent penser que l’individu en souffrance est un marginal, se laisse aller, ne fait pas d’efforts, etc.

Il est important que les professionnels puissent rejoindre la vision du monde de l’autre, car la personne malade n’a pas choisi la situation dans laquelle elle se trouve.

Les accompagnants se centrent sur le patient et sa motivation

Les intervenants essaient d’aider la personne à prendre conscience de ses ressources personnelles pour s’en sortir, et de lui faire comprendre que c’est elle qui détient la solution à son problème.

L’alliance thérapeutique est essentielle pour un accompagnement efficace

Une approche médico-psycho-sociale s’est petit à petit développée, notamment dans le domaine des addictions. Les professionnels travaillent avec les usagers pour prévenir, réduire les risques, et construire avec eux des modèles de soins adaptés.

Les professionnels ont la possibilité de travailler avec les familles

Il est essentiel de rassurer la famille et de l’intégrer au processus de prise en charge pour qu’elle soit correctement informée des pathologies et des moyens à disposition pour accompagner le patient. Les familles peuvent être sensibilisées aux conséquences des addictions sur la vie du patient et aux solutions possibles. Les intervenants étudient le système familial, ils ne se concentrent pas uniquement sur le patient.

Un partenariat entre deux champs d’intervention historiquement dissociés est essentiel

Les services de psychiatrie et d’addictologie peuvent mener des réflexions collectives au sein d’équipes pluridisciplinaires afin d’accompagner efficacement le patient. Il est important que chacun partage ses difficultés et ses pratiques. Étant donné qu’il y a un lien entre ces deux pathologies, elles peuvent être causées par un élément commun, c’est pourquoi la prise en charge doit être coordonnée. Les professionnels ont ainsi la possibilité de réfléchir à la manière d’instituer des traitements parallèles.

L’accompagnement des pathologies duelles doit également prendre en compte que ces maladies peuvent entraîner d’autres problèmes physiques (maladies cardiaques, pancréatites, etc.).

Les intervenants peuvent analyser leurs pratiques professionnelles

Les professionnels doivent prendre du recul sur leurs propres compétences. Leurs pratiques sont fonction de ce qu’ils sont en mesure de faire par rapport à la pathologie considérée.  Si besoin, ils peuvent participer à des GAP (groupes d’analyse des pratiques). Cela permet de prendre connaissance des bonnes pratiques sur le sujet et d’avoir des retours d’expériences d’autres intervenants. Cela favorise aussi la réhabilitation psychosociale du patient.

La formation continue est primordiale pour les acteurs du social et du médico-social

Certains professionnels n’ont pas suffisamment de connaissances théoriques et de pratique pour prendre efficacement en charge les personnes souffrant de pathologies duelles.

La formation a justement pour objectif de les aider à monter en compétences pour qu’ils puissent repérer ces pathologies, et diriger les patients vers les meilleurs soins. La prévention a également toute son importance, c’est pourquoi les intervenants doivent y être sensibilisés.

Chez Epsilon Melia, nous avons créé une formation spécifique sur 3 jours sur la pathologie duelle pour que les professionnels puissent acquérir tous les outils nécessaires à une prise en charge efficace des personnes souffrant à la fois d’addiction et de troubles psychiatriques. Ce programme permet à chacun de faire face aux situations complexes dans les meilleures conditions. Cette formation est disponible en intra ou en inter.

Epsilon Melia est un organisme de formation continue pour les professionnels du social et du médico-social. Nous accompagnons nos clients depuis plus de 15 ans, et nous sommes certifiés Datadock et Qualiopi pour vous garantir la qualité de nos programmes. Nous vous invitons à nous contacter si vous avez besoin de conseils ou de renseignements complémentaires sur nos formations. 

 

Nous remercions Alice Patouillard, psychothérapeute, formatrice chez Epsilon Melia, pour les informations précieuses qu’elle nous a fournies pour la rédaction de cet article.