Le travail au contact de la petite enfance implique une très grande disponibilité et responsabilité de la part des professionnel(les), à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’enfants en situation de vulnérabilité.
L’analyse de pratique – outil répandu du champ social et médico-social – est encore peu utilisée dans le domaine de la petite enfance. Lorsqu’elle est mise en place, elle est pourtant plébiscitée par les dirigeants de structure et les bénéficiaires.
Retour sur la mise en place de cette pratique, et sur les bénéfices perçus par les équipes, avec deux professionnelles du secteur : Sabine Olivier, directrice d’un pôle de crèches de l’association ESPEREM, et Nathalie VENEAU, responsable Petite Enfance de l’association Envoludia.
L’Association Esperem, « faire un pas de côté » avec Sabine OLIVIER
L’association Esperem accompagne et développe des activités à destination des publics en difficultés en région Île-de-France autour de 4 départements : hébergement & logement d’insertion, protection de la jeunesse, formation & insertion socio-professionnelle, accueil & accompagnement enfants-parents.
Sabine OLIVIER est directrice du département accueil accompagnement enfants-parents composé de 4 crèches et d’un service de médiation familiale , elle est éducatrice de jeunes enfants de formation avec un DSTS de cadre en travail social.
Comment percevez-vous l’analyse de la pratique dans le domaine de la petite enfance ?
« L’analyse de la pratique existe peu dans le domaine de la petite enfance. Quand cela existe c’est souvent animé par le psychologue de la crèche qui est cadre dans l’institution, il connait les enfants, les locaux… Il n’a pas la neutralité qui pourrait être attendue d’un analyste de la pratique.
J’ai eu la chance dans mes 40 ans de vie professionnelle de travailler dans des structures à caractère social où c’était plus courant. Aujourd’hui, nous sommes dans un mouvement qui va faire ses preuves : a priori dans les nouveaux décrets un point positif : l’analyse des pratique va être généralisée.
L’analyse de pratique est inscrite déjà au sein des lieux d’accueil parent-enfants par exemple, mais c’est souvent dans des structures spécialisées : peu de crèches « classiques » offre cet espace institué d’analyse de la pratique avec un intervenant extérieur. »
Pourtant c’est un domaine qui en a tout aussi besoin, non ?
« Au niveau de la petite Enfance, on peut retrouver dans les équipes des personnes avec de bas de niveau de qualification, voire pas de qualification du tout. Dans nos équipes nous avons 50% de personnes qui ne sont pas ou peu formées car la formation du CAP petite enfance n’aborde pas les questions de la psychologie ou de la pédagogie par exemple…
À ce titre-là, l’analyse de la pratique va être encore plus importante (en complément de tous les autres espaces d’élaboration) : pour « faire psychiquement ce pas de côté ».
Quand en entretien d’embauche on demande ce qui fait valeur éducative pour le professionnel, souvent on nous répond « mon éducation ou ce que j’ai vu autour de moi ».
L’analyse de la pratique prend alors son sens : elle amène ces personnes-là à faire ce fameux pas de côté, interroger, revenir sur des principes que l’on croyait universel !
Faire un pas de côté ou comment je prends le temps d’enlever mes lunettes personnelles ou culturelles pour définir un projet adapté à un enfant ? »
Comment l’analyse de pratique permet-elle d’améliorer sa pratique professionnelle ?
« L’analyse de la pratique va aller plus loin et interroger sur pourquoi le cas que l’on évoque vient toucher le professionnel, pourquoi cette situation m’agace ou me met en difficulté. J’ai le droit d’être énervé par cet enfant, cette famille, et de le dire devant mes collègues : ce n’est pas « mal » d’être en difficulté avec un enfant ou un parent, il vaut mieux en parler.
Dans le déroulé, c’est très simple : çela a lieu une fois par mois. Un professionnel propose une situation qui lui est difficile, qui l’interroge. L’intervenant vient questionner et poser un cadre pour aider les personnes à clarifier leur positionnement, s’assurer de la bienveillance, travailler sur des hypothèses… Le fait que ça soit quelqu’un d’extérieur et sans le cadre apporte une forme de liberté.
Quand l’équipe en sort, elle est « rassasiée » « nourrie » : les collègues n’ont pas besoin d’être performantes, elles doivent juste dire ce qu’elles ressentent et par une mise en réflexion collective cela va produire quelque chose sur les personnes. Très souvent cela développe de la bienveillance ou de la compréhension mutuelle au sein de l’équipe.
Nous faisons un bilan une fois par an , nous évaluons les effets de ce travail et comment le groupe bouge mais pas ce qui s’y dit.
C’est un outil de l’intelligence. Quand j’entends une professionnelle ne plus définir son action par des certitudes mais par des interrogations à partir de ses observations je me dis que c’est gagné.
Elles n’ont pas (ou peu) de formation donc ce qu’elles interrogent c’est leur propre histoire, leurs repères : c’est fragilisant car c’est ce qui les construit dans leur rapport à leur famille et à leur enfants. Donc cela exige beaucoup de bienveillance.
Ensuite cela produit forcément de la réflexion dans la pratique quotidienne. Parfois cela me fait rire je les entends dire « si on était en analyse de la pratique on se poserait quelle question ». On peut donc observer que la méthode est transposable ! »
Le choix de l’intervenant a-t-il son importance ?
« C’est là où on a intérêt à être vraiment pertinent. On la rend obligatoire mais il faut trouver des intervenants qui soient suffisamment formés et bienveillants pour que ça fonctionne.
Le fait de faire appel à un organisme permet de ne pas passer par un analyste de la pratique directement, et de modérer les effets d’un lien conventionnel direct. C’est Epsilon Melia qui gère le lien à l’intervenant si jamais une personne n’est pas adaptée.
Si on a de bons analystes de la pratique, bienveillantes, c’est magique !
La formation de psychologues (sans formation spécifique en analyse de la pratique) n’est pas adaptée pour faire ce travail. Ce sont vraiment des compétences particulières.
Je privilégie un intervenant en l’analyse de la pratique qui aborde le terrain et qui sait ce que c’est le travail social, et éventuellement le travail auprès de jeunes enfants : ça permet de créer de l’alliance dans la réflexion, et d’éviter le « dérapage » vers la supervision voire de la thérapie institutionnelle !
Nous accueillons des femmes et des enfants victimes de violence. Nous réalisons parfois que les jeunes professionnelles ont elles aussi eu un parcours complexe. Il faut être très attentif à « l’effet miroir « !
Parfois des analystes utilisent le silence comme outil de travail : cela peut être un très bon outil, mais l’imposer à des personnes peu formées ça peut être aussi éprouvant !
Des supports peuvent être aidant, une analyste dans une de nos crèches en fonction du sujet abordé, d’une fois sur l’autre apporte un livre pour enfant qui reprend le thème qui a été abordé la fois précédente.
C’est un processus de relation de travail, ce n’est pas de l’acquisition de savoir : c’est important de se construire autour de cette axe-là. C’est ce qui fonde le travail de l’équipe. L’intervenant ce n’est pas ce qu’il sait qui est important mais plutôt sa capacité à mettre au travail et ce que cela produit dans ce lieu-là, comment il permet au groupe d’agir dans cet espace. Il ne doit pas avoir de réponse : il ne doit avoir que des questions sinon il va casser le processus ! Si un professionnel apporte une situation, c’est qu’il est prêt à se mettre au travail : il faut vivre au rythme de cette mise eu travail et du groupe. J’émets un doute dans ma pratique professionnelle, mais ça ne me fragilise pas, cela m’enrichit. C’est de la stratégie de renforcement par la réflexion.
Un des effets de cet espace-là est de se libérer : je peux partager ce qui me préoccupe. Je ne dois pas rendre des comptes : c’est comme si l’école proposait aux enfants de dire « où es-tu en difficulté ? » Plutôt que de mettre des notes… »
Y a-t-il un lien direct entre l’analyse de la pratique et le public accueilli au sein de l’association ?
« Les familles accueillies ont des parcours complexes, douloureux, il faut pouvoir parler de ses ressentis.
Voir en face de nous des parents agir avec leurs enfants, cela ne peut que renvoyer des choses. L’analyse de la pratique est venue accompagner l’évolution des modes d’accueil de la petite d’enfance. Autrefois c’étaient des lieux de garde d’enfant et les professionnelles savaient ce qui était bon pour les enfants. Aujourd’hui on se dit qu’on accueille les parents, on est dans une forme de co-éducation et ce que les parents partagent vient interroger ce que l’on fait. L’ouverture aux parents nous oblige à réfléchir à ce qu’on fait : ils agissent, ils pensent, ils nous questionnent.
Parfois le simple fait de l’avoir évoqué dans l’espace analyse de la pratique on observe que l’enfant a déjà « changé ». Il ne sait pas ce qu’on a dit en salle de réunion ! Mais le simple fait d’avoir fait un pas de côté, d’avoir déposé ce qui émeut dans la situation nous fait regarder l’enfant autrement.
Souvent les pros disent « il m’a fait vomi dessus » : il y a quelque chose de très personnalisé dans la relation enfants/professionnelles . Il faut arriver à accompagner cette « dé-personnalisalisation » dans la relation, ce n’est pas moi qui suis impliquée directement mais nous en tant qu’adulte en équipe. »
L’Association Envoludia, un projet d’inclusion « enfants et familles » avec Nathalie VENEAU
Envoludia est une association de familles d’enfants en situation de handicap neuromoteur. Elle compte 6 établissements et a la particularité de proposer sur un même lieu à la fois la socialisation et le soin. C’est-à-dire qu’une seule équipe pluridisciplinaire accueille l’enfant et la famille et porte les composantes thérapeutique et socio-éducative de l’accompagnement.
Le fondement même de l’association depuis sa création en 1983, est de porter un projet d’inclusion pour les jeunes enfants en situation de handicap : ils représentent 20 à 30% des effectifs accueillis. C’est un projet global qui implique tous les intervenants et doit être au bénéfice de tous et de chacun, selon Nathalie VENEAU.
Comment s’organise la collaboration au sein des établissements de l’association ?
« Dans certains lieux, un cabinet thérapeutique est adossé à la structure. Nous travaillons à ce que l’accompagnement thérapeutique individuel puisse infuser dans le quotidien de la socialisation. Il y a un gros travail transdisciplinaire des équipes pour que l’enfant puisse transférer les compétences qu’il développe dans tout son quotidien de vie que : cela suppose de cheminer avec les familles.
Le transfert de compétences est indispensable aussi entre professionnels. Si chacun doit évidemment conserver son métier, nous faisons en sorte que chaque professionnel qui intervient contribue à la cohérence de l’accompagnement par l’ensemble de l’équipe. C’est essentiel.
Pour prendre un exemple : un enfant en situation de handicap moteur mal installé sera peu, ou pas, disponible pour les activités, voir en danger avec le risque de fausse route lors des repas. Cette situation de handicap nous invite à la plus grande vigilance pour certains, mais aussi à être pertinents dans ce que nous proposons à tous. Cela nous pousse à une réflexion et à une vision du projet plus globales , comme pour la communication alternative augmentée, nous la déployons de manière individuelle et à l’attention du collectif, pour que tous les enfants en bénéficient.
Pour les familles c’est pareil : si nous avons protocolisé des temps de rencontre avec les familles pour les enfants en situation de handicap, cela nous a incité à réfléchir à l’éventail de ce qu’on propose aux parents d’enfants valides. »
Quelle place occupe l’analyse de pratique dans ce fonctionnement ?
« Pour les sites les plus anciens, cela fait plus de 10 ans que nous avons mis en place l’analyse de pratique, car nous en avions ressenti le besoin.
Dans notre vision de ce dont nous avons besoin pour porter le projet de l’association auprès des usagers parents comme enfants, il nous faut penser le travail ensemble ET à destination des usagers.
D’un point de vue organisationnel, l’analyse de pratique se fait sur des temps de réunion prévus dans notre planning annuel.
Il y a des temps de réunion hebdomadaires et l’analyse de pratique vient s’inscrire dans l’éventail de temps mis à disposition des équipes : il y a des réunions éducatives, des réunions pluridisciplinaires… C’est un vrai patchwork d’outils pour les professionnels. Et dans le cadre de ces outils a émergé l’intérêt de l’analyse des pratiques : elle apporte un regard extérieur, hors habitudes, qui permet de se décentrer.
Nous accueillons un temps d’analyse des pratiques à raison de 5 fois par an, donc à peu près tous les deux mois. Ce n’est pas facile de trouver le bon dosage entre trop et trop peu. Si c’est « trop peu », il manque la continuité dans l’élaboration ; et comme cela se fait à la place d’une réunion d’équipe complète, on peut vite basculer dans le « trop » : il faut arriver à trouver une forme d’équilibre. »
Quel rôle joue l’intervenant en analyse de la pratique ?
« Les modalités sont différentes dans chaque lieu : ça dépend de l’intervenant, on sent vraiment la différence entre les différentes structures. L’idée est qu’il y ait une rencontre et que ça « matche » entre l’intervenant et la dynamique de l’équipe.
Pendant longtemps, l’histoire a fait que nous avons fait appel à une psychanalyste extérieure qui intervenait sur trois de nos lieux. Elle avait une bonne connaissance du projet et de certains enjeux partagés par l’ensemble des établissements, mais nous avons mis fin à cette intervention car finalement elle nous connaissait trop bien. L’analyse des pratiques, il faut que ça nous bouscule et que ça nous mette au travail.
Il y a un enjeu d’équilibre pour l’intervenant entre, d’une part, la connaissance de nos problématiques et, d’autre part, le fait de garder assez de distance pour ne pas se faire prendre dans les schémas de l’équipe.
Aujourd’hui, tous nos établissements travaillent avec Epsilon Melia, mais chaque établissement a son intervenant qui correspond à la dynamique de l’équipe. Il y a des enjeux transversaux à tous les établissements, et d’autres plus spécifiques, liés à l’équipe de chaque structure.
Par exemple dans le 15e, nous avons travaillé avec un intervenant pendant deux ans, mais le retour de l’équipe était que la personne avait une approche un peu trop intellectuelle des sujets, un peu déconnectée des besoins. Depuis 3 ans, il y a une autre intervenante, elle leur tend la main et ça fonctionne !
Nous ne pouvons, devons, pas coller à tout ce qui est demandé par l’équipe : il faut une vision de cet outil. Mais l’intervenant doit prendre en compte la qualité du ressenti des équipes, c’est important. »
Comment se déroulent ces séances ?
« Durant ces séances, la parole est libre : le registre de discussion est complètement ouvert, ça doit contribuer à la qualité de travail de l’équipe pour permettre à tout le monde d’avancer.
Pendant ces moments, toute l’équipe, y compris les cadres, sont présents : il n’y a pas d’enjeu hiérarchique parce que tout le monde intervient dans sa pratique sur le déploiement des projets.
C’est un temps « vide » où l’équipe doit se questionner sur les sujets qu’elle a envie d’aborder. Il n’y a pas d’ordre du jour, et on commence par un tour de table des sujets à aborder pour les professionnels : c’est un temps donné à l’équipe qui se responsabilise. Rien ne vient du dessus : si les cadres ont un problème à régler, ils prévoient une réunion dédiée, dans un autre espace. »
Quels sont les bénéfices pour les équipes d’Envoludia ?
« Dans les structures les plus récentes, il n’y avait pas encore ce type d’intervention car cela a pris plus de temps à se mettre en place, mais c’est désormais actif. On fait le point en fin d’année pour savoir si le dispositif a fonctionné : on vient questionner le bénéfice à chaque fois, que ce soit sur le type d’intervention et sur l’intervenant.
Au niveau institutionnel cela permet d’apporter une médiation quand ça tangue un peu : la plupart du temps le tiers permet que les choses se disent et que ça s’apaise. Cela constitue vraiment un autre espace qui permet d’oser aborder des sujets que les pros n’auraient peut-être pas abordé sinon.
Quand l’équipe est dans un moment assez dépressif il faut faire face au vide et au silence. Mais ça permet de mettre des mots sur les problèmes, au final.
L’élaboration est au plus proche de ce qui traverse la pratique des professionnels. Ça permet de parler de comment on travaille ensemble : les équipes, même dans les petits lieux, ça reste de grosses équipes ! Par exemple au « Chalet », pour 22 berceaux il y a une équipe de 14 personnes : le « comment » on travaille ensemble est essentiel pour garder le cap, que tout le monde trouve sa place. »
Est-ce que les bénéfices se ressentent aussi côté usagers ?
« Le projet handicap fait que l’analyse des pratiques « autour des usagers » est indispensable. Ce projet interpelle très fort les pratiques et les professionnels. L’accueil du handicap rend les choses plus aigües et c’est bien d’avoir cette soupape où une professionnelle peut dire qu’avec un enfant elle n’y arrive plus ; ou quand elles ont évoqué le sujet ensemble avant et disent lors de la séance « Là on est perdues ». Cela permet de « nettoyer » les regards et ça redynamise : quand elles retournent sur le terrain, c’est plus léger. Ça permet de faire ce petit pas de côté qui fait qu’on regarde les choses différemment.
Les professionnels qui arrivent chez nous ont leur compétence petite enfance mais c’est assez rare qu’ils aient l’expérience du handicap, c’est l’association qui les forme et l’analyse des pratiques y participe.
On arrive assez tôt dans la vie des familles, et elles sont parfois encore en plein fracas : on doit soutenir le lien parent – enfant parce que parfois la relation est encore fragile. L’objectif, c’est de les accompagner pour qu’ils puissent cheminer le projet de vie de leur enfant.
À chaque fois je dis « enfant et famille » quand il s’agit d’accueillir : la formation aide, mais le terrain permet de se sentir compétent à accompagner enfants ET familles. Il faut ce partage de regards et cette liberté de dire que c’est super intéressant mais que c’est également très dur. Le tiers extérieur permet de passer par cette élaboration, sinon on ne fait que du ping-pong avec la famille ou l’enfant. Si on est simplement dans l’émotion et le ressenti brut, on n’est pas dans le dispositif d’élaboration : il faut savoir pourquoi on fait les choses. Évidemment que chacun de nous s’est raté, et se ratera encore… Mais il doit y avoir une réflexion pour que le sens de la pratique soit partagé. Si on veut accompagner, il faut de la cohérence ; et qu’il y ait de la confrontation : c’est même plus riche quand on n’est pas d’accord ! Là encore, le tiers extérieur apporte un peu de sécurité pour se sentir suffisamment à l’aise et donner son avis.
Dans le projet, il y a ce que nous avons fait et ce que nous construisons pour les enfants porteurs de handicap : si nous sommes capables faire une proposition à telle ou telle famille, comment en fait-on bénéficier les autres familles ? Ça vient soutenir cette cohérence nécessaire pour emmener tout le monde et que tout le monde s’y retrouve : professionnels, enfants, familles.
La qualité nait du sens partagé : s’il n’y a pas sens, on ne va nulle part ; s’il y a du sens mais pas de moyens, on ne va pas très loin. Et tout ça peut être abordé en analyse des pratiques. »
« Le responsable de structure : le moteur de la mise en place de l’analyse de pratique » avec Marie Landreau, directrice pédagogique d’Epsilon Melia
« Le point de départ de chaque intervention est la prise de contact soit par un responsable de crèche, soit par le responsable de pôle petite enfance. Dans un premier temps on les rencontre pour connaître les spécificités de la crèche en termes de public accueilli : public mixte (porteur de handicap/valide), familles hébergées en CHRS. Le profil du public compte beaucoup.
On va ensuite déterminer la dynamique de l’équipe, on est souvent sur des équipes pluridisciplinaires : on définit ensemble ce qu’on attend de l’analyse de pratique et dans quoi ça s’inscrit.
Une fois qu’on a pensé au cadre, parlé des expériences antérieures (parfois malheureuses, parfois ils étaient très attachés à leur intervenant précédent) : on s’ancre dans l’histoire singulière du lieu et le temps d’échange nous permet d’en comprendre la singularité.
Vient ensuite le côté organisationnel : jour, heure et fréquence. Il y a des structures de la petite enfance ou cela a lieu le soir pour permettre à toute l’équipe de participer, ou entre midi et deux. On s’adapte à l’organisation pour intervenir sur des horaires inhabituels par rapport à d’autres structures.
Il y a des jeunes professionnels qui n’ont jamais connu ça, et il y a des structures ou ça n’existe pas du tout. Il y a des recommandations des bonnes pratiques dans les structures d’ESS de l’ANAESM : il y a des structures qui s’en sont déjà saisi, d’autres pour qui c’est nouveau.
C’est un dispositif qui est particulier : il amène à parler ensemble, penser ensemble. Il y a une double dimension : clinique et cohésion d’équipe.
Pour choisir l’intervenant, nous analysons l’équipe dans laquelle l’intervention est prévue. S’il y a des tensions on choisit quelqu’un d’expérimenté dans la régulation, dans des lieux ou l’équipe évolue dans une bonne ambiance et qui veut travailler plus loin sur la théorie on va mettre quelqu’un qui est plus clinicien.
Notre objectif est de proposer l’intervenant qui est le plus en adéquation avec l’équipe sur son savoir être. Ce qui est commun à l’ensemble des intervenants c’est la méthodologie : la double dimension cohésion & clinique qui nous fait parfois frôler la régulation d’équipe. Ils ont également en commun d’être supervisés par Epsilon Melia : il y a des temps de supervision individuels ou en collectif.
Nos intervenants connaissent bien le champ de la petite enfance : sur ces sujets de double thématique, nos intervenants maitrisent ces doubles champs d’intervention qui font écho à leur expérience terrain. »