Cet outil systémique comporte de nombreux avantages
Le génogramme comporte plusieurs atouts, que ce soit pour le professionnel ou les familles.
Il favorise l’implication des familles dans le travail thérapeutique
Le génogramme facilite la parole. Il suscite la curiosité et des questionnements dans la mesure où les membres font des découvertes au fur et à mesure qu’ils racontent leur histoire. Par exemple, ils peuvent s’étonner de voir que leur structure familiale comprenne autant de membres dont ils ne connaissaient pas l’existence ou alors de découvrir des professions originales exercées par leurs ancêtres. Et petit à petit, le récit des personnes permet au thérapeute de mieux comprendre la place et le rôle de chacun dans la structure familiale.
Il permet de comprendre les différents modèles familiaux
En fonction des différents échanges entre les membres de la famille pour la réalisation de ce génogramme, le thérapeute arrive petit à petit à percevoir s’il existe des coalitions, des comportements qui se reproduisent, etc. Il comprend mieux la complexité de certains modèles familiaux. Il est alors possible d’émettre des hypothèses.
Il facilite le déblocage des schémas familiaux complexes
Une fois que la famille et le professionnel ont réussi à mettre en lumière de nouvelles informations sur l’histoire familiale, il est possible de mieux comprendre les problématiques que les différentes générations répètent. En effet, les familles reproduisent les mêmes difficultés et réponses adaptatives au fil des générations. La connaissance de ces problèmes (non-dits, tabous, secrets de famille, etc.), peut permettre à la génération actuelle, mais aussi aux générations futures d’éviter de rejouer les mêmes scénarios. En comprenant le contexte d’apparition d’un symptôme grâce à la lecture de l’histoire familiale, il est plus facile d’aider le patient qui éprouve du mal-être à guérir. Il est donc possible d’équilibrer le système familial en s’appuyant sur la façon de fonctionner de la famille aujourd’hui, mais aussi sur son histoire.
À titre d’exemple, Julie est amenée à consulter un thérapeute parce qu’elle ressent de la colère et des angoisses à chaque fois qu’elle doit aller voir ses parents. Cette réaction est due au fait que ces derniers ont toujours été très durs avec elle et l’ont sans cesse rabaissée. En faisant le génogramme, elle comprend que ses parents et grands-parents ont été élevés sans affection, qu’ils n’avaient jamais le droit de se plaindre et de faire part de leurs émotions. En prenant conscience de cette réalité, Julie arrive à apaiser ses émotions négatives et à pardonner, car elle se rend bien compte que sa famille reproduit ce schéma parce qu’elle n’en connaît pas d’autre. Pour cette famille, il est donc normal de continuer à élever les enfants de la même façon.
Il aide les familles à déculpabiliser de consulter un thérapeute
Certaines personnes peuvent avoir beaucoup de mal à accepter de se faire aider par un professionnel. Elles peuvent avoir honte de ne pas réussir à s’en sortir seules ou trouver incorrect d’exposer leurs problèmes en dehors du cercle familial. « Laver son linge sale en famille » est une expression bien connue. Bien souvent, les générations antérieures se sont débrouillées seules, et c’est notamment la raison pour laquelle les comportements dysfonctionnels ont pu se répéter au fil du temps.
Dans ce cas, le génogramme s’avère être efficace pour aider les membres d’une famille à déculpabiliser, car il les amène à travailler sur un outil visuel sur lequel ils sont invités à retracer leur histoire. Ils ne parlent pas uniquement d’eux, ils parlent aussi des autres. Cela est moins anxiogène que d’évoquer d’emblée ses difficultés à un inconnu.
Il n’existe pas de règle stricte pour construire un génogramme
Malgré tout, des critères standards ont été définis afin de faciliter son élaboration.
Le thérapeute élabore la carte de la structure familiale grâce aux données collectées
Cette collecte d’informations se fait lors d’un ou plusieurs entretiens familiaux. Pour que le génogramme soit pertinent, il est important de se référer au minimum à trois générations. Figurent dans le génogramme :
- des informations basiques comme le nom, prénom, âge, etc. Indiquer le prénom est important, car le thérapeute et la famille pourront se rendre compte par la suite qu’une personne a hérité du prénom d’un oncle qui s’est suicidé, par exemple ;
- des renseignements concernant la situation professionnelle, le lieu de résidence ;
- les dates de faits qui ont marqué l’histoire familiale (divorces, conflits familiaux, violences, pathologies, décès, etc.). Il s’agit du génosociogramme. Il peut également mettre en évidence des secrets de famille, le syndrome d’anniversaire (un individu peut manifester des signes de souffrance à l’approche de dates liées à des évènements pénibles).
Une fois que la personne a raconté tout ce qu’elle sait sur son histoire familiale, il est alors possible de relier les évènements et d’émettre des hypothèses.
Le professionnel utilise des symboles
Le génogramme se construit à l’aide de symboles :
- les hommes sont représentés par des carrés, et les femmes par des cercles ;
- les membres d’un couple sont reliés par des lignes horizontales. Si ces personnes sont séparées ou divorcées, ces lignes sont brisées ; ils sont reliés à leurs enfants par de petites lignes verticales ;
- les couples qui vivent en concubinage sont unis par des lignes horizontales en pointillés ;
- les enfants qui ont été adoptés sont reliés à leurs parents adoptifs par des lignes verticales et en pointillés ;les membres faisant partie de la
- même génération sont tous placés au même niveau, les uns près des autres ;
- les hommes décédés sont indiqués par un X barrant leur rectangle, et les femmes ont un X qui barre leur cercle. L’année de leur décès est indiquée au-dessus du symbole ;
- les fausses couches, avortements, bébés mort-nés, sont représentés par un triangle ou de minuscules cercles.